Nombreux sont ceux qui, dans un cadre personnel ou professionnel, s’improvisent graphistes, pour « dépanner », pour le plaisir ou par souci d’économie. Il peut s’agir simplement du faire-part de naissance de la petite cousine, de l’invitation à l’inauguration du nouveau boulodrome ou de la couverture du nouveau magazine municipal (Je pense particulièrement ici aux chargés de com). Mais qu’on se le dise, en communication, tous les sujets et supports sont importants et méritent une grande attention. C’est le message et votre image de marque qui sont en jeu. Alors au risque de vous frustrer, je vais ici vous conseiller de mettre de côté votre frénésie artistique, d’oublier les filtres photoshop, de vous asseoir en tailleur, de prendre une profonde respiration et de lire posément la suite de cet article.
Maintenant que vous êtes en condition, je vais vous présenter deux règles de base de mise en page. Pas question de logiciels ici, car ces règles sont universelles. Valables pour la photographie, le collage, le gribouillage ou le point de croix. Si vous appliquez les quelques conseils qui suivent, vous devriez pouvoir obtenir des affiches simples, lisibles et agréables à l’œil. N’espérez cependant pas pouvoir vous passer de votre agence de com favorite 🙂
1 – LESS IS MORE
J’ai hésité à intituler ce paragraphe « n’ayez pas peur des blancs » mais cette maxime en anglais est tellement plus riche de sens. Elle exprime l’idée simple que le beau n’est pas forcément complexe, au contraire.
« la simplicité est l’ultime sophistication »
Léonard De Vinci
Alors n’essayez pas de flamber avec des effets « pas possibles » et des mises en pages chargées. N’ayez pas peur de faire simple, recentrez-vous sur l’essentiel, simplifiez le message, faites des choix. Présentez une seule idée directrice, vous verrez, ça fonctionne. Je sais, c’est dur de choisir, mais c’est vraiment plus efficace.
Vous devez prendre conscience que vous communiquez un message à un public. Moins vous maîtrisez le graphisme, plus vous devez vous forcer à faire simple, au moins vous ne risquerez pas de vous tromper. Si vous prenez pour base les quelques points suivant, vous devriez obtenir de bons résultats graphiquement :
- Évitez de mettre trop de personnalité dans la typographie. Pour ne pas faire d’erreur, choisissez l’helvetica (ou l’arial). Jouez avec les différentes graisses (light, bold, etc.), c’est amplement suffisant. Mais surtout bannissez la Comic sans MS, sous peine d’être mordu par un graphiste.
- Évitez de mettre trop d’éléments graphiques. Pour ne pas faire d’erreur, choisissez une belle image en grand. les mosaïques d’images sont à proscrire (sauf au service d’un concept), les Cliparts encore pire. Même si une seule image ne peut pas tout dire, elle agit comme un symbole. Le but est de comprendre le principe. De toute façon, l’être humain n’est pas capable d’assimiler plusieurs idées.
- Évitez la « fête à la couleur ». Pour ne pas faire d’erreur, choisissez deux ou trois couleurs maximum qui s’harmonisent bien. N’essayez pas de parcourir l’ensemble du cercle chromatique à la manière arc-en-ciel ! Et pensez-y, une couleur n’est pas forcément saturée, il existe de très belles couleurs claires ou grisées qui sont peut-être plus modernes et originales que ce fichu vert anis 😉
- Évitez l’utilisation d’effets numériques. Je sais que vous ne pouvez vous empêcher de montrer que vous connaissez Photoshop (on est tous comme ça), cependant, oubliez les ombres, les biseautages, les filtres et autres froufrous pour vous concentrer sur la composition.
- Laissez des espaces vides. En graphisme on appelle ça des espaces de respiration. Plus il sont importants, moins on se sent étouffé par la mise en page. L’œil distingue mieux les éléments et le message est valorisé. Laissez de la place entre chaque élément et évitez de tout écrire en super gros, ce n’est pas plus lisible.
Vous l’aurez compris, l’idée est donc de se débarrasser du surplus, d’épurer et de penser global. C’est l’agencement des éléments les uns par rapport aux autres qui va créer l’harmonie et la lisibilité. Comment agencer les éléments ? c’est ce que nous allons voir dans le prochain point.
2 – RÈGLE DU TROIS
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la sensation d’harmonie, d’équilibre, s’obtient grâce à ce que l’esprit mathématique considère comme déséquilibré. Le sentiment de beau s’obtient avec des valeurs impaires et des proportions variées (le beau au sens positif du terme, car le beau existe aussi dans ce qui est triste). Tout ce qui est paire et de même taille donne une impression de rigidité, de froideur et de tristesse. C’est donc un sentiment négatif qui en ressort (qui peut parfois être voulu en fonction du message à faire passer).
Depuis très longtemps ce phénomène a été remarqué et a même donné lieu à la renaissance au nombre d’or(1,618) qui correspond plus simplement à la règle des tiers (souvent connu pour le cadrage en photographie) et que j’aime généraliser par la règle du trois (aucun rapport avec la règle de trois en mathématique). Le chiffre 3 régit en effet plusieurs choses dans une composition : le placement, le nombre et la taille des éléments.
- Placez des repères qui découpent vos compositions en trois (dans la hauteur et dans la largeur) pour placer vos éléments (règle des tiers).
- Utilisez un nombre impair d’éléments (si possible). L’idéal pour respecter le principe du « less is more » est donc 3 éléments.
- Mettez une différence de proportion de l’ordre de x3 entre chacun des trois éléments. Un petit, un moyen trois fois plus gros et un très gros encore trois fois plus gros.
EXEMPLES :
L’affiche du Guimaraes Jazz ci-dessus illustre parfaitement ce sentiment d’harmonie qui ressort d’une composition à première vue désordonnée. Mais à y regarder de plus près cette affiche respecte parfaitement les règles que je viens de vous citer. La liste des artistes commence exactement au tiers inférieur. Sur les deux tiers supérieurs on a 3 lettres de tailles 3 fois supérieures chacune. Les deux cercles donnent aussi 3 formes colorées aux proportions triples elles aussi.
Plus simplement encore, les affiches de MUD et de Comète FAIR ci-dessus utilisent précisément le nombre d’or pour séparer le bandeau titre du contenu.
CONCLUSION
En respectant les règles du « Less is more » et de trois, vous aurez l’assurance d’une composition agréable à l’oeil, attractive et dynamique. Autre avantage, cela vous forcera à hiérarchiser l’information. Votre mise en page sera alors plus facile à lire et le message passera beaucoup mieux.
Mais attention aux pièges ! S’il est bon de faire des compositions asymétriques, il faut cependant bien faire attention à bien respecter certains alignement au risque d’avoir une composition « flottante » qui donne une impression d’anarchie. Pour être sûr de bien placer l’ensemble des éléments textes et images il faut impérativement passer par une grille. Mais ceci est une autre histoire qui sera abordée plus tard, dans un autre article… 🙂
Bonne mise en page à tous !